Résumé
La théorie des situations développée par Guy Brousseau repose sur la problématique des situations fondamentales, situations dont l’existence apparaît à beaucoup comme très utopique. Je montre donc d’abord en quel sens la recherche de ces situations peut devenir une méthode de travail particulièrement féconde pour la recherche en didactique comme pour l’enseignement. Puis je confronte cette problématique à d’autres approches didactiques : d’abord le champ conceptuel, la « dialectique outil-objet » et le « débat scientifique » qui me semblent être dans le même paradigme, ensuite l’approche anthropologique qui se place à mon sens dans un autre paradigme de recherche.
Tout au long de cette confrontation entre diverses modélisations d’une même réalité, j’invite la communauté de recherche à réfléchir au plan éthique sur ses responsabilités sociales : si le chercheur en didactique n’aspire a priori qu’à effectuer une analyse « objective » des phénomènes d’enseignement, le type de regard qu’il choisit de porter sur un réel, fait d’humain et de social, peut-il néanmoins n’être qu’une simple hypothèse d’école ? la didactique n’aurait-elle aucune influence sur le didactique ?
Cette analyse se termine par une réflexion sur la notion de « métaphore fondamentale pour le professeur », notion qui permet d’envisager sous un jour nouveau le délicat problème de la reproductibilité des situations didactiques.
Abstract
The «theorie des situations» developed by Guy Brousseau is based on the research problem of fundamental situtions, the existence of which seems utopian to many colleagues. In the first part, I show how the search for such situations may become a particulary productive method of work for research in education as well as for teaching. Then I compare this type of questioning to other didactical approaches: the «champ conceptuel», the «dialectique outil-objet» and the «débat scientifique», which seem, in my opinion, to be in the same line of reasoning. Finally, I compare the theorie of situations to the «approche anthropologique» which adopts, I think, a different line of questioning.
In this comparison of differents modeling theories of the same reality, I invite the community of researchers in « didactique des mathématiques » to reflect on an ethical level, about our social responsabilities: if a researcher is only interested in an «objective» analysis of the phenomena related to mathematical teaching, can the type of analysis he chooses to make of a reality made of social and human facts be anything more than a theoretical hypothesis? Could it be that research in «didactique» has no effect on teaching and learning?
This analysis closes on a reflection on the notion of «fundamental metaphor for the teacher», which creates a new way of approaching the delicate question of reproductibility of didactical situations.