Ce numéro est un numéro spécial de la revue, presque entièrement en anglais. Il se veut un numéro d’ouverture sur les recherches qui se font dans le monde, un peu plus largement que parmi les auteurs usuels de la revue. C’est un prolongement naturel de la rubrique « Débats » et aussi une occasion de faire connaître la revue à un lectorat plus large.
Les questions de didactique des mathématiques se posent partout dans le monde mais elles sont liées aussi à l’histoire et à la culture de chacun des pays où sont enseignées les mathématiques. Des recherches sur l’enseignement des mathématiques se sont développées sous des noms différents (par exemple didactique des mathématiques en France ou Mathematics Education dans les pays anglophones), dans des conditions souvent liées à des contraintes institutionnelles locales. Dès le début, ce domaine de recherche naissant s’est donné de nouveaux outils de communication au niveau international : des revues ou des rencontres régulières comme la Conférence Internationale PME [[Psychology of Mathematics]] Education organisée chaque année depuis 1976, ou s’est impliqué dans ceux qui existaient déjà, par exemple la CIEM [[Commission Internationale de l’Enseignement Mathématique, en anglais ICMI, International Commission on Mathematical Instruction]] qui a organisé un premier grand congrès international sur l’enseignement des mathématiques (ICME) en 1969 puis tous les quatre ans à partir de 1972. Cependant, en raison notamment des différences de langue et de culture, les difficultés de communication se manifestent aussi assez vite, les cadres théoriques, conçus de façon relativement indépendante, se juxtaposent et s’articulent difficilement. Après une quarantaine d’années de développement, la didactique des mathématiques arrive à un degré de maturité qui demande des échanges plus précis et plus exigeants au niveau international. Des efforts ont déjà été faits dans ce sens à l’initiative de différents chercheurs, en particulier au niveau européen. C’est un des objectifs de l’association européenne ERME [[European Research in Mathematics Education]] de favoriser les échanges et la coordination de la recherche au niveau européen à travers les groupes de travail des conférences bisannuelles CERME. Dès la troisième, en 2003, et lors de chaque rencontre depuis, un des groupes travaille à essayer de comparer et d’articuler des cadres théoriques différents utilisés dans les recherches. Un des résultats de ce travail est la parution en 2007 d’un numéro spécial de la revue « ZDM, The International Journal on Mathematics Education », le numéro 40/2. En 2005, la revue « Educational Studies in Mathematics » (ESM) faisait paraître un numéro spécial consacré à des recherches qui prennent pour unité d’analyse la classe et qui réfèrent plus particulièrement aux cadres théoriques développés en France, dont la responsabilité avait été confiée à Colette Laborde et Marie-Jeanne Perrin. Quelque trois ans plus tard, il nous paraissait intéressant de demander leur point de vue à d’autres chercheurs, en référence à ce numéro de ESM, mais en centrant cette fois leur réflexion sur les aspects méthodologiques des recherches.
Nous avons donc demandé à Patricio Herbst de bien vouloir se charger de l’édition du présent numéro en se référant à ce volume de ESM et de faire appel à des chercheurs dont les travaux pouvaient trouver un écho dans ceux qui étaient publiés par RDM. Il a accepté ce défi qu’il a choisi de partager avec Daniel Chazan (voir leur introduction) et nous les remercions tous les deux de leur travail qui contribue à l’enrichissement de la revue.
Par ailleurs, ce numéro est le dernier de notre mandat puisque voilà un peu plus de trois années que nous sommes rédactrices en chef de Recherches en Didactique des Mathématiques (RDM). Il est donc temps de faire le bilan de notre activité à la tête de la revue dans cette période.
Au cours de ces trois années, RDM a publié 25 articles qui montrent une grande diversité dans les thèmes et les niveaux d’enseignement étudiés, les approches théoriques et les méthodes de recherche en même temps qu’une grande diversité des pays d’origine des auteurs (12 pays représentés dont 4 hors d’Europe). Trois de ces articles ont été écrits en anglais et trois en espagnol. De plus, trois des articles en français ont été écrits par des auteurs de pays non francophones et cinq par des collègues belges, suisses ou canadiens.
Nous avons tenté de favoriser le rôle de la revue comme instrument de débat entre chercheurs en ouvrant une nouvelle rubrique accueillant des textes courts, visant à expliciter certaines positions de recherche et à en questionner d’autres. La rubrique « Débats », animée par Colette Laborde et Rudolf Sträßer a vu la publication de trois contributions. Cette rubrique permet de donner une certaine place à des questions qui touchent aux choix faits et aux orientations des recherches et donc à l’épistémologie de la didactique des mathématiques. Donner une place à de tels débats nous a paru important même si cette place ne peut être que limitée à l’intérieur même de la revue. Une manière de l’étendre a été d’organiser une journée autour de la revue en 2006. Cette première journée a permis de revenir sur des articles publiés dans les trois années précédentes, d’essayer de dégager des apports, des questions de recherche émergentes et donc de débattre sur certains des thèmes abordés dans cette période. Elle a permis aussi d’échanger sur des questions touchant l’identité et les orientations de la revue comme la spécificité de RDM, les attentes des lecteurs, les critères d’acceptabilité des articles, l’intérêt et la possibilité de publier des synthèses… Le manque de disponibilité et le calendrier déjà chargé des rencontres internationales de didactique des mathématiques nous ont amenées à renoncer à organiser une deuxième journée d’étude en 2008. Nous le regrettons car cela nous semble une occasion de dynamiser la vie de la revue et nous espérons que d’autres journées de ce type pourront se dérouler ultérieurement, peut-être en les adossant à une autre rencontre.
Un autre de nos objectifs était d’accroître la visibilité de la revue. Un élément déterminant pour cela est son accessibilité et sur ce plan, un pas décisif a été franchi avec la création d’un site grâce à notre éditeur (La Pensée Sauvage) et à l’implication d’Annie Bessot. Nous tenons à les remercier vivement pour le travail réalisé.
Ce site (rdm.penseesauvage.com) présente la revue et les résumés des articles parus en trois langues, fournit des informations aux auteurs et il permet de s’abonner en ligne et d’acheter à l’unité en pdf un grand nombre d’articles parus depuis plus de trois ans. Il apporte aussi des informations sur la collection de livres associée à la revue et permet de les acheter en ligne. Cet outil est précieux pour aider à la diffusion de la revue et ainsi à la reconnaissance des travaux qui y sont publiés et de leurs auteurs. C’est à tous ses lecteurs de le faire connaître des personnes intéressées par la recherche en didactique des mathématiques.
Un autre élément de visibilité de la revue est son référencement dans des bases de données et de ce fait son audience au niveau international.
La dimension internationale de la revue a été affirmée avec force depuis sa création, notamment par la constitution des différents comités de rédaction, et par le fait que la revue accepte des articles en trois langues. Elle est internationale par les auteurs qui y publient, ceux qui ont envoyé des contributions dans les débats (qui sont tous des chercheurs travaillant hors de France) ; elle est internationale aussi par les lecteurs (50,6% de ses abonnés sont étrangers). Nous avons travaillé au maintien et au renforcement de cette dimension internationale, par exemple par la parution de ce numéro spécial en anglais.
Cependant cette dimension internationale ne semble pas encore suffisamment reconnue si l’on en juge par les classements de la revue dans ERIH (C) et dans les listes de l’AERES en sciences de l’éducation (B). La revue vérifie pourtant les critères explicités par ces institutions pour être classée A. Nous avons réagi à ces classements que nous jugeons injustes, sans doute par manque d’information de ceux qui les ont établis et nous avons donc écrit à ces deux instances pour les informer du processus de sélection des articles, du taux d’acceptation et pour leur fournir des données concernant la dimension internationale de la revue et nous espérons un reclassement dans une position plus favorable. Notre souci était de mettre en avant la qualité scientifique de la revue qui est selon nous le critère premier de toute évaluation digne de son nom, critère dont l’évaluation ne peut être conduite que par des spécialistes du domaine. Ce n’est pas un problème spécifique de la revue mais un problème plus général, lié à la politique de recherche et aux moyens d’évaluation de la recherche et des chercheurs. Il se pose de façon plus aiguë dans le champ des sciences humaines et sociales et notamment de la recherche en éducation. Il se pose particulièrement dans les didactiques des disciplines qui sont à l’intersection du champ disciplinaire et du champ des recherches en éducation. Les revues de didactique des mathématiques ne sont pas considérées dans le domaine de la recherche en mathématiques puisqu’il ne s’agit pas de production de mathématiques nouvelles ; elles sont peu visibles car trop spécifiques dans le champ des sciences de l’éducation.
Le référencement de la revue dans des bases de données largement consultées est un élément très important pour sa visibilité. C’est malheureusement un point sur lequel nous n’avons guère avancé mais nous avons tenu à assurer la régularité de parution qui est un premier critère à respecter et l’ouverture du site donne un nouvel atout pour avancer dans cette direction. Un autre élément important est l’augmentation du lectorat qui est l’affaire de tous.
Pour finir ce bilan, nous tenons à remercier tous ceux et toutes celles qui nous ont accompagnées dans ce voyage passionnant de trois ans : comité scientifique, comité de rédaction et tous les relecteurs qui ont accepté, sans faire partie de ces comités[[Pour cette année 2008 et le début 2009, il s’agit de I. Bloch, J.P. Drouhard, J.J. Dupin, A. Kuzniak, M. Pariès, B. Parzysz, G. Ricco, J. Rogalski, C. Sackur, A. Thiberghien]], de lire des articles et de faire des rapports dont nous tenons à souligner la qualité. Nous remercions aussi notre éditeur qui s’est toujours montré ouvert à nos propositions et qui s’est investi efficacement dans la création du site de la revue.
Le voyage de la revue va continuer sous la direction de nouveaux rédacteurs en chef – Jean-Luc Dorier et Aline Robert. Nous leur souhaitons la bienvenue ainsi qu’à leur nouvelle équipe. Que leurs projets s’accomplissent au service du développement des recherches en didactique des mathématiques.